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J’ai
été dans un établissement religieux, chez les jésuites de Vannes. De
cette éducation, qui ne repose que sur le mensonge et sur la peur, j’ai
conservé très longtemps toutes les terreurs de la morale catholique. Et
c’est après beaucoup de luttes, au prix d’efforts douloureux, que je
suis parvenu à me libérer de ces superstitions abominables par quoi on
enchaîne l’esprit de l’enfant pour mieux dominer l’homme plus tard. Je
n’ai qu’une haine au cœur, mais elle est profonde et vivace : la
haine de l’éducation religieuse. Il existe, dans certains pays, des
fabriques de monstres. On prend, à sa naissance, un enfant normalement
conformé, et on le soumet à des régimes variés et savants de torture et
de déformation pour atrophier ses membres et, en quelque sorte,
déshumaniser son corps. On peut voir de ces spécimens hideusement
réussis dans les exhibitions américaines et dans les pèlerinages de
Lourdes et de Sainte-Anne d’Auray. Les jésuites, en général tous les
prêtres, font pour l’esprit de l’enfant ce que ces impresarii de
cirques laïques et de pèlerinages religieux font pour son corps. Les
maisons d’éducation religieuse, ce sont des maisons où se pratiquent
ces crimes de lèse-humanité. Elles sont une honte et un danger
permanent. C’est pourquoi, étant partisan de toutes les libertés, je
m’élève avec indignation contre la liberté d’enseignement, qui est la
négation même de la liberté tout court… Est-ce que, sous prétexte de
liberté, on permet aux gens de jeter du poison dans les sources ?…
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