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Il
est absurde de croire que le riche détient le droit à accumuler entre
ses mains la richesse. Le riche n’a pas le droit de posséder la terre
puisqu’elle n’est pas son œuvre, il ne l’a pas fabriquée de ses mains.
La terre doit être, pour cette raison la propriété de tous les êtres
humains. N’importe quel titre qui protège la possession d’une partie
déterminé de terre, pour une personne, est un titre qui soutient
l’inégalité, parce que cela prive le reste des gens du droit d’user des
choses qui appartiennent à tous. La terre est notre mère, la mère de
tous les êtres humains, et c’est pour cette raison, qu’aucun d’entre
nous ne peut la réclamer pour un usage personnel qui engendrerait
l’exclusion des autres. Comme la vrai mère qu’elle est, elle appartient
en entier à tous ses enfants, les humains. Il est inutile d’alléguer
que ceux qui possèdent la terre l’ont acheté ; celui qui l’a vendue a
vendu quelque chose qui ne lui appartenait pas. Tout autant inutile
d’alléguer qu’elle a été acquise à travers un héritage ; celui qui l’a
légué en héritage a légué une chose qui ne lui appartenait pas,
puisqu’elle appartient à tous les humains. Inutile aussi d’argumenter
qu’elle a été obtenue dans une guerre de conquête, étant donné que ce
serait justifier le crime qu’on nomme conquête.
Personne ne peut s’approprier les mines, les carrières, les forêts, les
sources, parce que tout cela forme une partie intégrante de la terre,
et doit être propriété de tous les êtres humains.
Personne ne peut profiter, en excluant les autres, des maisons, des
machines, des trains et des autres moyens de transport, ainsi que des
marchandises de toutes sortes accumulées dans les entrepôts, les
greniers, les magasins etc., étant donné que tout doit être considéré
pour ce qu’il est : le résultat du travail des générations passées et
de la présente. Puisque tous les humains ont coopéré dans la production
de cette richesse, celle-ci doit être propriété de tous sans exception
; autant de l’ingénieur que du manœuvre, de l’astronome que du
boulanger, de l’artiste et du savant comme du menuisier et du maçon. Il
est impossible pour l’ingénieur de déclarer qu’il doit obtenir la
majeur partie des bénéfices parce que sans ses calculs mathématiques il
aurait été impossible de monter les ponts, de percer les tunnels, de
construire les édifices etc., puisque s’il en était ainsi, le
travailleur manuel pourrait alléguer, et ce avec raison, que sans ses
bras et son cerveau toute la science de l’ingénieur serait impuissante
pour terminer les œuvres entreprises, l’agriculteur et le meunier
pourraient dire à l’ingénieur que sans eux il n’aurait pas obtenu de
viande, de légumes, de lait ou d’œuf et ainsi il n’aurait pas pu faire
ses calculs et sans le tailleur et le cordonnier il n’aurait aucun
vêtement à porter et ses pieds ne seraient pas aussi confortables dans
une paire de souliers.
Personne ne peut réclamer de privilèges exclusifs pour lui-même en se
basant sur sa participation dans la production de la richesse sociale.
Le travail de l’ingénieur, du médecin, du savant et de l’artiste est
aussi bon et aussi utile que celui du manœuvre, du maçon, du menuisier,
du métallurgiste, du mineur, du tailleur, etc. Tous ont le droit de
jouir des richesses sociales qui aujourd’hui se retrouvent entre les
mains de certains bandits que l’on nomme riches ou bourgeois.
Nous devons faire table rase des bourgeois, des autorités, des
militaires, des policiers et du clergé en même temps qu’exproprier la
richesse sociale pour en faire enfin la propriété de tous et la
révolution sociale aura triomphé, mes frères déshérités. Mettons en
pratique les principes du manifeste du 23 septembre 1911, mes frères
enchaînés et arrêtons de nous sacrifier à vouloir élever quelqu’un à la
présidence de la république. |