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Friedrich
Engels a dit un jour : « La société bourgeoise est placée devant un
dilemme : ou bien passage au socialisme ou rechute dans la barbarie. »
Mais que signifie donc une « rechute dans la barbarie » au degré de
civilisation que nous connaissons en Europe aujourd’hui ? Jusqu’ici
nous avons lu ces paroles sans y réfléchir et nous les avons répétées
sans en pressentir la terrible gravité.
Jetons un coup d’oeil autour de nous en ce moment même, et nous
comprendrons ce que signifie une rechute de la société bourgeoise dans
la barbarie. Le triomphe de l’impérialisme aboutit à l’anéantissement
de la civilisation – sporadiquement pendant la durée d’une guerre
moderne et définitivement si la période des guerres mondiales qui
débute maintenant devait se poursuivre sans entraves jusque dans ses
dernières conséquences. C’est exactement ce que Friedrich Engels avait
prédit, une génération avant nous, voici quarante ans.
Nous sommes placés aujourd’hui devant ce choix : ou bien triomphe de
l’impérialisme et décadence de toute civilisation, avec pour
conséquences, comme dans la Rome antique, le dépeuplement, la
désolation, la dégénérescence, un grand cimetière ; ou bien victoire du
socialisme, c’est-à-dire de la lutte consciente du prolétariat
international contre l’impérialisme et contre sa méthode d’action : la
guerre. C’est là un dilemme de l’histoire du monde, un ou bien – ou
bien encore indécis dont les plateaux balancent devant la décision du
prolétariat conscient.
Le prolétariat doit jeter résolument dans la balance le glaive de son
combat révolutionnaire : l’avenir de la civilisation et de l’humanité
en dépendent. Au cours de cette guerre, l’impérialisme a remporté la
victoire. En faisant peser de tout son poids le glaive sanglant de
l’assassinat des peuples, il a fait pencher la balance du côté de
l’abime, de la désolation et de la honte. Tout ce fardeau de honte et
de désolation ne sera contrebalancé que si, au milieu de la guerre,
nous savons retirer de la guerre la leçon qu’elle contient, si le
prolétariat parvient à se ressaisir et s’il cesse de jouer le rôle d’un
esclave manipulé par les classes dirigeantes pour devenir le maître de
son propre destin. |